Macron bloque la stratégie de l’UE sur la Russie et la Chine

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Il y a plusieurs semaines, j’ai été invité à informer les responsables d’un grand pays d’Europe centrale effectuant un examen stratégique national à la lumière de la guerre en cours de la Russie contre l’Ukraine. Ils ont posé des questions incisives sur trois sujets géopolitiques – la Russie, la Chine et l’Occident – passant sans heurt de la vue d’ensemble à la tactique et à la logistique. La stratégie qui a émergé de la discussion était une variante d’un thème de l’époque de la guerre froide : maintenir la Russie au sol, les États-Unis à l’intérieur et la Chine autoritaire hors de l’Europe. Au plus profond des déclarations publiques et des débats controversés dans toute l’Union européenne, ce point de vue représente probablement les convictions fondamentales et les perspectives stratégiques sur lesquelles la majorité des décideurs politiques ont convergé depuis le début de l’attaque russe en février 2022. Lorsque les ministres des affaires étrangères de l’UE se réuniront le 12 mai pour mettre à jour la stratégie européenne approche envers la Chine, beaucoup d’entre eux pousseront probablement une certaine variation de cette stratégie à trois volets.

Il y a plusieurs semaines, j’ai été invité à informer les responsables d’un grand pays d’Europe centrale effectuant un examen stratégique national à la lumière de la guerre en cours de la Russie contre l’Ukraine. Ils ont posé des questions incisives sur trois sujets géopolitiques – la Russie, la Chine et l’Occident – passant sans heurt de la vue d’ensemble à la tactique et à la logistique. La stratégie qui a émergé de la discussion était une variante d’un thème de l’époque de la guerre froide : maintenir la Russie au sol, les États-Unis à l’intérieur et la Chine autoritaire hors de l’Europe. Au plus profond des déclarations publiques et des débats controversés dans toute l’Union européenne, ce point de vue représente probablement les convictions fondamentales et les perspectives stratégiques sur lesquelles la majorité des décideurs politiques ont convergé depuis le début de l’attaque russe en février 2022. Lorsque les ministres des affaires étrangères de l’UE se réuniront le 12 mai pour mettre à jour la stratégie européenne approche envers la Chine, beaucoup d’entre eux pousseront probablement une certaine variation de cette stratégie à trois volets.

Pourtant, il existe une autre perspective, très différente, qui empêche la fusion d’une stratégie européenne commune. Cela ressort clairement du voyage simultané en Chine le mois dernier du président français Emmanuel Macron et de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, dont les points de vue ne pourraient être plus différents. Von der Leyen a défendu vocalement la formule ci-dessus, sinon dans ces mots exacts. Macron, d’autre part, semble s’être inspiré d’un autre fil stratégique de la guerre froide : la politique étrangère du président français Charles de Gaulle consistant à restaurer la primauté de la France en Europe, à maintenir les États-Unis (et son allié, la Grande-Bretagne) hors des affaires continentales, et manœuvrer librement avec d’autres grandes puissances telles que la Russie et la Chine. La poursuite par Macron du gaullisme redux – enveloppée dans des expressions telles que « souveraineté européenne » et « autonomie stratégique » – risque de paralyser l’Europe avec un veto français contre le consensus stratégique émergent. En effet, tout comme de Gaulle a bloqué l’intégration européenne jusqu’à ce que Paris réussisse, Macron a empêché l’émergence d’une véritable stratégie globale de l’UE.

Sous sa rhétorique accrocheuse, la stratégie de Macron pour l’Europe est finalement fondée sur une tradition diplomatique française bien établie qui l’a précédé de loin : maximiser « la force, l’influence et l’indépendance de la France ». Comme Macron l’a demandé aux ambassadeurs du pays en septembre 2022, c’est « l’objectif principal, et parfois quand il n’y a qu’un seul objectif à suivre, c’est celui-là ». Autant il parle d’autonomie stratégique européenne, autant cette idée est finalement subordonnée à l’autonomie stratégique de la France.

Macron, comme de Gaulle, semble vouloir être l’homme de l’arène – n’importe quelle arène, autant d’arènes que possible, et tout le temps. Il est difficile d’expliquer autrement ses relations diplomatiques énergiques et persistantes avec l’ancien président américain Donald Trump, l’ancien président iranien Hassan Rohani, le président russe Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping. Le dictateur nord-coréen Kim Jong Un est peut-être le seul dirigeant éminent à ne pas avoir retenu son attention.

Mais pour de Gaulle, maximiser la puissance française, notamment en préservant la liberté de manœuvre tactique avec d’autres grandes puissances, avait un objectif clair : c’était un moyen de restaurer le prestige et l’honneur de la France après la capitulation et la collaboration pendant la Seconde Guerre mondiale. On peut dire que cette mission a été accomplie. La France a aujourd’hui beaucoup de confiance en soi, de sécurité, de richesse et d’attractivité mondiale. C’est donc anachronique quand Macron continue de souligner que la France n’a « jamais été alignée derrière ou les vassaux d’aucune puissance mondiale » et met en garde contre « devenir[ing] vassaux.

C’est une obsession bizarre : personne ne remet en cause la liberté de la France et de l’Europe d’être maîtres de leur destin ; le seul débat porte sur les choix stratégiques qui maximisent les intérêts des citoyens et des pays européens. Le contexte actuel – la guerre de la Russie et la centralité des États-Unis et d’autres partenaires occidentaux dans la sécurité européenne – conduit assez directement aux deux objectifs stratégiques de maintenir une Russie néo-impérialiste et les États-Unis engagés dans la défense et la sécurité de l’Europe.

Qu’en est-il de la Chine ? Au cours des années précédentes, Macron a noté le « génie diplomatique » de la Chine pour jouer sur les divisions de l’Europe et l’affaiblir. Il a également souligné la concurrence stratégique entre la Chine et les États-Unis en tant que caractéristique structurelle des relations internationales ; Les pays européens, selon Macron, devraient rester à l’écart et garder leurs distances. Dans le même temps, il a identifié l’intérêt de la Chine pour « la construction[ing] un ordre international qui sert ses propres intérêts » au lieu de l’ordre international libéral que l’Occident – ​​dont la France – et ses partenaires ont construit depuis la Seconde Guerre mondiale. Il n’a fait aucune mention publique de ces conflits lors de son dernier voyage pour rencontrer Xi.

Au lieu de cela, Macron a succombé à la stratégie chinoise de diviser pour mieux régner, car le protocole diplomatique qui l’honorait a complètement éclipsé le président de la Commission européenne, von der Leyen, ce qui a bien servi Xi, puisque les opinions plus dures de von der Leyen sont connues. Macron a profité de l’attention qui lui était personnellement accordée et n’a pas présenté une approche européenne unifiée envers la Chine.

Eloignant la France du consensus stratégique européen naissant sur la Chine, Macron s’est engagé à développer un « partenariat stratégique mondial étroit et solide » avec la Chine, dans des termes similaires à ceux généralement accordés aux alliés occidentaux de la France, comme les États-Unis. Loin de préserver l’indépendance ou la liberté de manœuvre, essayer de jouer ainsi des deux côtés risque de faire de la France un pion dans un grand jeu de puissance.

Enfin, Macron a maintenant recadré le rôle de la Chine dans le monde aussi engagé que la France à « travailler ensemble pour promouvoir la sécurité et la stabilité dans le monde ». Cela, bien sûr, ignore le partenariat illimité de la Chine avec la Russie, son soutien aux finances russes par le biais d’achats de gaz et de pétrole, et son intention de livrer des armes que la Russie utilisera en Ukraine. La Chine n’a pas encore soutenu la Russie dans la mesure où elle pourrait gagner en Ukraine, car Pékin pourrait préférer un conflit prolongé qui absorbe l’Occident et maintient Moscou de plus en plus dépendant. Mais Xi ne veut pas non plus voir Poutine perdre et pourrait venir à son secours – tout comme Poutine l’a fait lorsqu’il est intervenu pour protéger le dictateur syrien Bashar al-Assad en 2015 – si la Russie commence à perdre de manière significative sur le champ de bataille. En effet, 12 ans de combats en Syrie suggèrent que la guerre en Ukraine pourrait être beaucoup plus longue que prévu.

Peut-être que le principal défaut de l’approche française est qu’elle renforce la capacité de la Chine à façonner le monde dans son propre intérêt autoritaire, comme Macron l’a reconnu l’année dernière, plutôt que de renforcer l’Occident pour faire en sorte que l’ordre mondial penche en faveur de la liberté, la démocratie, les droits de l’homme et les frontières inviolables. En effet, le récent discours de von der Leyen sur la Chine a exprimé des inquiétudes importantes quant à la montée d’une puissance autoritaire capable et déterminée à remodeler l’ordre mondial sur lequel reposent les démocraties européennes. La version de Macron du gaullisme – basée, comme l’original de l’époque de la guerre froide, sur l’idée d’une Europe agissant entre les superpuissances, et peut-être à égale distance de celles-ci – ignore une vérité fondamentale de la guerre froide : cela comptait beaucoup en termes de vie opportunités et résultats, qu’un Européen soit né à Berlin-Ouest ou à Berlin-Est, en France ou en Pologne, en Belgique ou en Bulgarie. Le gaullisme n’a été possible que parce que la France était à l’Ouest.

Tout comme « les Européens ne peuvent pas résoudre la crise en Ukraine », comme Macron l’a concédé après ses nombreuses tentatives infructueuses pour imposer sa rationalité à Poutine, l’Europe ne pourra relever les défis stratégiques fondamentaux qu’en partenariat étroit avec les États-Unis et d’autres démocraties occidentales. Aux côtés de ses partenaires occidentaux, l’Europe peut contrôler plus de la moitié de la puissance économique mondiale et une part prédominante de la puissance militaire mondiale. Cette coopération a permis à l’Ukraine de poursuivre sa lutte contre la Russie et pourrait également dissuader la Chine d’envahir Taïwan.

Macron a tenté de manœuvrer comme un renard pour tenter de faire de l’Europe un lion, mais il s’est aliéné une grande partie de l’Europe dans le processus. La meilleure stratégie pour atteindre les objectifs de la France est celle qui peut, de manière réaliste, obtenir le soutien européen. La seule voie stratégique à la disposition de l’Europe si elle cherche à servir ses intérêts dans la paix, la prospérité, la démocratie et un ordre mondial est de vaincre la Russie en Ukraine, de renforcer l’Occident et de minimiser l’influence autoritaire de la Chine en Europe. En effet, c’est le consensus qui émerge en Europe en dehors de la France et de quelques autres récalcitrants, comme la Hongrie.

Il est temps pour Macron de pivoter. Malgré l’enracinement profond de ses convictions dans le gaullisme et d’autres traditions françaises, un virage est possible. La politique étrangère française peut changer rapidement compte tenu de sa centralisation interne, comme l’a démontré le récent retrait du Sahel. Alors que Macron réfléchit à l’héritage qu’il laissera et à la fin de partie qu’il souhaite poursuivre en Ukraine, réorienter sa stratégie dans le sens soutenu par le reste de l’Europe peut atteindre les objectifs français tout en servant les intérêts plus larges de l’Europe et de l’Occident.

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