Il est temps pour les Français de travailler plus longtemps et de prendre leur retraite plus tard

[ad_1]

Commenter

Le gouvernement d’Emmanuel Macron est sur le point de dévoiler les détails de ce qu’on appelait autrefois la « mère de toutes les réformes » – une refonte des retraites pour obliger les Français à travailler plus longtemps et à prendre leur retraite plus tard. Le moment est risqué, avec la menace de troubles sociaux résultant déjà de l’impact de l’inflation, et personne ne veut une répétition des manifestations de masse des Gilets Jaunes. Mais c’est un test essentiel de la crédibilité économique de la France et de la volonté de l’Europe d’améliorer l’équité intergénérationnelle en temps de guerre.

L’appel de Macron à relever l’âge minimum pour commencer à percevoir les prestations de retraite du gouvernement à 65 ans, contre 62 ans, intervient alors que l’Europe ressent le pincement du déclin démographique et économique. Le Vieux Continent est aussi le continent le plus âgé par l’âge médian (42 ans). Sa population a chuté depuis Covid et elle devrait afficher la croissance économique la plus faible de toutes les régions du monde cette année. Vivre mieux et plus longtemps est quelque chose qu’il faut célébrer, mais cela ajoute également à la pression sur les versements de pensions.

Le message envoyé est que la France a besoin d’un système plus durable à une époque où les déficits et l’endettement gonflent. Il y avait 2,1 travailleurs cotisant au système pour chaque retraité à la fin du 20e siècle; qui est tombé à 1,7 en 2020 et sera de 1,2 en 2070, selon des experts nommés par l’État. Sans une sorte d’ajustement, un déficit des retraites de 10 milliards d’euros (10,6 milliards de dollars) par an est prévu au cours des prochaines années.

Après le désastre de «Trussonomics» au Royaume-Uni, qui a mis en garde les responsables français contre un moment de canari dans la mine de charbon pour la zone euro, il est facile de comprendre pourquoi le Fonds monétaire international fait partie de ceux qui poussent le plan de Macron comme clé étape sur la voie d’une gestion plus responsable de la dette par Paris. Le responsable de la Banque centrale européenne, François Villeroy de Galhau, l’a qualifié d' »indispensable ».

Pourtant, les discussions sur le fait de travailler plus longtemps au nom de finances publiques plus saines ont, comme on pouvait s’y attendre, baissé comme un ballon de plomb. Tous les principaux syndicats sont contre, et les sondages montrent que le seul groupe démographique en faveur est celui des plus de 65 ans. Contrairement aux débats relativement moins sensibles observés en Allemagne ou aux Pays-Bas, la France vit encore dans l’ombre du passage à la retraite à 60 ans des années 1980 sous François Mitterrand. Depuis 1991, quatre refontes des retraites ont été proposées face aux protestations et deux ont échoué, dont la tentative de Macron en 2019.

L’objectif ici devrait être plus que budgétaire. Il devrait s’agir de freiner le « privilège générationnel », estime Maxime Sbaihi, économiste et auteur d’un livre sur la démographie française (anciennement de Bloomberg Intelligence). Les gagnants d’un système inchangé seraient les baby-boomers qui quittent ou sont sur le point de quitter le marché du travail ; les perdants seraient les travailleurs qui paient aujourd’hui certains des impôts les plus élevés du monde riche.

Ce ne serait pas la première fois. Des années de taux d’intérêt bas après la crise de 2008 ont mis le logement et les actifs financiers de plus en plus hors de portée des jeunes Européens, tandis que les dépenses publiques se sont détournées de l’éducation et des enfants vers les retraités. La crise de Covid a nui aux perspectives d’emploi des jeunes plus que tout autre groupe d’âge. Déjà, à l’entrée de la pandémie, les retraités français avaient un meilleur niveau de vie que les ouvriers.

Le retour de l’inflation et de la guerre a également eu un impact déséquilibré. Malgré tous les efforts déployés pour réduire les factures d’énergie grâce aux subventions gouvernementales et aux impôts exceptionnels, les retraités semblent plus protégés que les travailleurs qui réclament une augmentation de salaire. Les pensions ont été augmentées de 4 à 5 % en France, tandis que le gouvernement conservateur britannique a rétabli sa garantie de « triple verrouillage » selon laquelle les pensions publiques augmenteraient avec l’inflation. Il n’est pas surprenant de voir que les nouvelles générations ne deviennent pas « conservatrices » en vieillissant.

Macron est le premier président français en une décennie à ne pas être un baby-boomer – il devrait être à la hauteur. Il pourrait avoir plus de chance de promouvoir la réforme en demandant aux retraités eux-mêmes de cotiser aux côtés de ceux qui travailleront plus longtemps, ou en supprimant d’autres réductions d’impôts pour atténuer la douleur. Les objectifs à long terme comprennent un investissement plus efficace dans l’éducation et les compétences.

Ce n’est que le début d’une lutte politique pour gagner des alliés au parlement et désamorcer les manifestations dans les rues. Mais c’est aussi un élément clé de la lutte économique de l’Europe vieillissante. L’échec serait sombre – et pas seulement pour la France.

Plus de Bloomberg Opinion:

• Emmanuel Macron cherche à pivoter vers l’Amérique : Lionel Laurent

• La génération Z a beaucoup plus de mal que la génération Y : Allison Schrager

• Protégez votre retraite de la crise du coût de la vie : Stuart Trow

Cette colonne ne reflète pas nécessairement l’opinion du comité de rédaction ou de Bloomberg LP et de ses propriétaires.

Lionel Laurent est chroniqueur Bloomberg Opinion couvrant les monnaies numériques, l’Union européenne et la France. Auparavant, il était journaliste pour Reuters et Forbes.

D’autres histoires comme celle-ci sont disponibles sur bloomberg.com/opinion

[ad_2]

Laisser un commentaire