Critique : Animalia – Cineuropa


– Une mystérieuse invasion extraterrestre envoie une mariée enceinte dans un voyage à travers le Maroc et dans une profonde introspection dans le captivant premier long métrage de Sofia Alaoui

Critique : Animalia

Oumaïma Barid que l’animal

« Le monde physique repose sur un univers beaucoup plus complexe. Comme des poissons qui ne peuvent pas voir l’eau dans laquelle ils se trouvent, nous sommes immergés dans quelque chose que nous ne pouvons pas voir non plus. » Peu importe si vous avez raté les cours de philosophie sur l’allégorie platonicienne de la caverne et de ses humains enchaînés pensant saisir la vérité, mais n’en percevant en réalité que l’apparence. Car l’animal [+see also:
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le très bon premier long métrage du cinéaste franco-marocain Sofia Alaouidévoilé au Sundance Film Festival dans le cadre de la World Cinema Dramatic Competition, livre une séduisante version post-moderne, féministe et teintée de fantastique de cette allégorie, le tout au rythme d’un road movie plein de suspens ancré dans une superbe enveloppe visuelle.

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le dernier mouflon tourmalet

« Tu dois faire un effort, Itto. C’est ma famille, c’est notre famille. » Étant une jeune mariée, enceinte de plusieurs mois, issue d’une classe sociale méprisée par une belle-famille froide chez qui elle vit et tuant le temps dans la cage dorée d’une luxueuse villa isolée tandis que les hommes de la famille, obsédés par l’argent, partent faire des affaires, est loin d’être facile pour la jeune, belle, sensible et fragile Itto (Oumaïma Barid dans sa première apparition au cinéma) malgré l’amour de son mari Amine (Mehdi Dehbi). Mais tout bascule très vite lorsque la région est bouclée par l’armée pour une raison inconnue et effrayante.

Séparée de toute la famille coincée dans la maison du gouverneur à Khourigba, Itto, armée uniquement de son téléphone portable, tente de les rejoindre, chevauchant le tripper d’un voisin sur les routes du désert au cœur des montagnes de l’Atlas. Mais trahie, elle se retrouve encore plus au sud, dans un petit village rural où elle rencontre Fouad (Fouad Oughaou) qui accepte, malgré sa colère envers les privilèges des propriétaires et le dogmatisme religieux, de l’aider à remonter vers le nord. Surtout, l’étrange événement déclencheur est devenu mondial : il s’agit d’une invasion extraterrestre dont les répercussions à l’échelle individuelle et collective atterrissent indiciblement et encore très mystérieusement. Pour Itto, un troublant voyage intérieur vers l’éveil commence aussi…

D’une durée d’une petite semaine, l’intrigue passionnante écrite par le réalisateur progresse sur un fil solidement tendu entre réalisme et suggestion fantastique, jouant sur une incarnation extraterrestre intermédiaire à travers les animaux (les chiens, les oiseaux) et sur un subtil dénouement de l’atmosphère. Poussant jusqu’au dédoublement mystique, le film tisse profondément l’histoire d’une libération féministe et de la nécessité d’une renaissance sociétale et religieuse à travers un chaos qui révèle les liens qui composent tout le tissu de l’homme et de la nature. Un parcours initiatique (« si tu te connais, tu sais la vérité sur tout ») qui renouvelle très habilement les codes du cinéma de genre en s’appuyant sur une maîtrise visuelle et sonore impressionnante pour un premier long métrage (mentions à Noé Bach pour la photographie et pour Amine Bouhafa pour la musique). Des débuts plutôt remarqués pour Sofia Alaoui qui plairont facilement à de nombreux téléspectateurs.

Produit par Wrong Films et SRAB Films, et coproduit par Arte France Cinéma et les sociétés marocaines Dounia Productions et Jiango Films, l’animal est vendu par Totem Films.

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(Traduit du français)



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