AVIS : Il n’y a aucune chance d’avoir un débat sensé sur le projet de loi du gouvernement français sur l’immigration

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La France a modifié sa loi sur l’immigration 29 fois au cours des 40 dernières années. Il n’y a pas eu de changement significatif depuis 2018. Un spasme de bricolage est évidemment en retard.

Le gouvernement le pense – ou du moins une partie du temps. Il a proposé une nouvelle loi sur la migration l’année dernière. Depuis lors, le projet de loi a souvent été retardé.

Il a été scié en deux puis recousu. Il y a eu sept changements de direction en neuf mois.

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Le président Emmanuel Macron, contre la volonté de sa Première ministre Elisabeth Borne, a maintenant décidé d’aller de l’avant rapidement avec la nouvelle législation. Il veut prouver que, malgré la crise de nerfs nationale sur la réforme des retraites, malgré la perte de sa majorité parlementaire, son gouvernement peut toujours faire avancer son programme national.

Écoutez John et l’équipe de The Local discuter du projet de loi sur l’immigration et de ses retombées politiques dans le dernier épisode de Talking France. A écouter ici ou sur le lien ci-dessous

Y a-t-il un besoin urgent de changement ? Oui et non. Surtout non.

Malgré les bêtises débitées par l’extrême droite et la droite, la France n’est pas « submergée » par les migrants. Le solde migratoire est inférieur à 200 000 personnes par an. Ces chiffres n’ont augmenté que légèrement au cours de la dernière décennie.

Un peu plus d’un résident français sur dix est né à l’étranger – dont 30 % au sein de l’Union européenne – contre un sur 20 en 1947. Lorsqu’on leur demande quels problèmes les préoccupent le plus, les Français placent la migration en 12e position sur leur liste – bien après l’inflation, la sécurité, l’éducation, le logement et la santé.

En revanche, la France a du mal à faire respecter ses règles migratoires.

Une écolière parisienne a été assassinée en octobre dernier par une femme qui avait reçu l’ordre de quitter le pays mais n’a jamais été expulsée. La plupart des 234 boat people d’Afrique et du Moyen-Orient livrés à Toulon en novembre par le navire humanitaire Ocean Viking ont disparu avant d’avoir pu être traités par le système français.

Peu de migrants clandestins ou de demandeurs d’asile déboutés expulsés de France quittent effectivement le pays. Le gouvernement a peu de moyens de savoir si les 120 000 personnes qui reçoivent chaque année des arrêtés d’expulsion ou des OQTF (obligations de quitter le territoire français) sont partis ou non.

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La nouvelle loi sur les migrations proposée tente de résoudre ce problème. Elle réduirait de 12 à 4 le nombre d’arguments juridiques pouvant être invoqués pour retarder ou annuler un arrêté d’expulsion.

Toute personne desservie par un OQRF serait inscrite sur un fichier informatique. Il créerait un nouveau réseau de centres régionaux pour traiter les demandes d’asile.

Le projet de loi original a été conçu pour plaire à la fois à la droite et à la gauche – ce qui en a fait un macroniste raisonnablement équilibré ou insipide, selon votre conviction politique. Il permettrait à certains migrants illégaux et demandeurs d’asile en attente de contribuer à l’économie française en prenant des emplois.

Sont éligibles les migrants en situation irrégulière et les demandeurs d’asile présents en France depuis trois ans. Ils seraient autorisés à demander des permis de travail dans les métiers où la main-d’œuvre est rare – en particulier les industries de la restauration et de la construction.

À l’origine, Macron et son ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin espéraient que le projet de loi attirerait le soutien de la gauche modérée et du centre-droit. Le malaise généré par le conflit des retraites signifie désormais qu’aucun soutien de gauche n’est concevable.

Tout dépend donc des 62 députés de centre-droit Les Républicains qui détiennent l’équilibre des pouvoirs à l’Assemblée nationale. Ils se sont divisés sur la réforme des retraites. Le mois dernier, la Première ministre Elisabeth Borne a averti Macron qu’ils étaient également divisés et peu fiables sur le projet de loi sur la migration.

Le président a accepté de reporter le débat à l’automne, puis a changé d’avis. Il avait besoin – ou voulu – d’un succès parlementaire précoce sur une question litigieuse pour prouver qu’il était encore capable de gouverner et de réformer le pays.

C’était une erreur.

Les dirigeants des Républicains (LR) ont rejeté le projet de loi Macron sur les migrations. Ils ont exclu toute possibilité de voter pour donner à certains migrants illégaux des permis de travail.

Ils ont annoncé – mais pas encore publié – leur propre projet de loi sur l’immigration qui vole les idées, entre autres, de Marine Le Pen, d’Eric Zemmour, de Donald Trump et du gouvernement conservateur britannique.

Entre autres choses, ils veulent abolir les droits des migrants illégaux de 25 ans à bénéficier de soins de santé gratuits en France (qui ne représentent que 0,5 % des dépenses de santé). Et ils veulent empêcher « l’État profond » (c’est-à-dire les fonctionnaires et les juges français et européens) de protéger les droits des migrants.

Le parti de centre-droit autrefois pro-européen dit qu’il veut un référendum sur le changement constitutionnel pour permettre à la France de « reprendre le contrôle » et de désobéir aux lois de l’UE lorsque ses intérêts nationaux sont menacés. Il s’agit d’une photocopie de l’idée de Marine Le Pen qui équivaut à un Frexit-en-tout-sauf-nom irréalisable.

Rien de tout cela n’a la moindre chance d’être convenu tant que Macron est président. C’est a) une déclaration selon laquelle le LR défaillant a l’intention de basculer vers la droite dure avant la prochaine élection présidentielle b) une note de suicide par ce qui reste du mouvement gaulliste autrefois large.

Après avoir cloué leurs couleurs à ce mât illibéral, il n’y a aucune chance que Les Républicains apportent la quarantaine de voix nécessaires pour que le projet de loi Macron sur la migration passe sous sa forme actuelle. Darmanin, le ministre de l’Intérieur, cherche une forme de compromis mais ne peut pas aller trop loin sans s’aliéner des parties de la propre alliance centriste de Macron.

L’idée sensée d’emplois pour les migrants méritants peut être séparée du projet de loi (à nouveau) et mise en œuvre au niveau régional par arrêté administratif. Le gouvernement peut proposer quelques petites restrictions sur les soins de santé pour les migrants illégaux et les demandeurs d’asile.

Cela amènera-t-il le LR à bord? J’en doute.

Le gouvernement risquera-t-il une nouvelle explosion en utilisant ses pouvoirs spéciaux pour imposer la loi en vertu de l’article 49.3 de la Constitution ? J’en doute.

Macron va-t-il reculer et retirer (encore) le projet de loi ? J’en doute.

L’immigration remplacera-t-elle les retraites comme psychodrame politique dominant ? J’en doute.

Il y avait peut-être lieu de rafistoler davantage le droit de l’immigration, mais ce n’était pas le moment d’insister là-dessus. Macron aurait dû concentrer ses efforts sur des réformes plus consensuelles comme son augmentation de sept ans des dépenses de défense et la proposition de loi sur l’industrie « verte ».

L’immigration, comme les retraites, est un sujet qui anesthésie l’équilibre et le bon sens pratique.



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